Le transport maritime représente l’une des activités les plus importantes de l’économie bleue pour la Méditerranée. La Méditerranée représente 27% du trafic maritime mondial et accueille 10% des croisières mondiales. La croissance du secteur des croisières est particulièrement forte : c’est le secteur le plus important de l’économie touristique en termes de valeur ajoutée brute et de création d’emplois. Ces dernières années, le nombre de passagers a considérablement augmenté tant au niveau mondial que méditerranéen. Les croisières en Méditerranée ont augmenté de 8 % entre 2017 et 2018, pour un total de plus de 4 millions de passagers.
Suivant les tendances mondiales (taux de croissance annuel des passagers de 6,63% de 1990 à 2020), le nombre de croisiéristes dans les ports méditerranéens est en augmentation. Plus de 31 millions de mouvements de croisiéristes ont été enregistrés en 2019, avec une augmentation de 11,5% par rapport à 2018. Depuis 2011, le nombre total de mouvements de croisiéristes dans les ports méditerranéens n’est jamais descendu en dessous de 25 millions (voir Graphique 1). La Méditerranée est la première zone de destination pour les croisiéristes européens, et le deuxième marché au niveau mondial.
Graphique 1: Nombre de mouvements de croisiéristes (millions) dans les ports méditerranéens membres de l’association MedCruise de 2000 à 2019
(Source: Cruise Activities in MedCruise Ports | STATISTICS REPORT 2019)
La mer Méditerranée est également une destination populaire pour la navigation de plaisance, un secteur vaste et hétérogène comprenant à la fois des petits navires (< 24 m) et des grands navires (yachts > 24 m et méga-yachts > 34 m). Ce secteur est attiré par le paysage marin, les baies et les îles de la Méditerranée, ainsi que par le nombre élevé d’installations pour les activités nautiques, principalement situées le long des côtes nord du bassin. La plupart des bateaux de plaisance qui circulent en Méditerranée font moins de 24 mètres, mais le nombre de grands yachts est en augmentation, conformément aux tendances mondiales. Une grande partie des méga-yachts du monde (environ 70 %) naviguent en Méditerranée toute l’année, les marinas étant généralement proches de la pleine occupation de leur capacité, en particulier dans les pays de l’UE-Méditerranée occidentale et en haute saison.
Bien que la crise mondiale du COVID-19 ait marqué une forte interruption des tendances croissantes de la croisière et de la navigation de plaisance, la Méditerranée reprendra très probablement son rôle dans le tourisme maritime en permettant de nouvelles tendances positives pour l’avenir. En outre, on peut s’attendre à ce que la pandémie ait renforcé la sensibilisation du public à la compatibilité environnementale et à la durabilité du secteur, en particulier pour les grandes croisières. La récente crise sanitaire ainsi que les questions de durabilité environnementale et sociale façonnent l’avenir du secteur, attirant l’attention sur l’importance des initiatives visant à améliorer la sauvegarde de la sécurité, de la santé et de l’environnement, et en fin de compte le bien-être des communautés méditerranéennes.
Source d’emploi et de dynamisme dans la région, les secteurs de la navigation de plaisance et de la croisière ont également d’importants impacts environnementaux (ex. émissions de gaz et de particules fines, impact sur la faune et la flore maritimes, pollution sonore et lumineuse). Le défi est d’encourager et d’accompagner la transition de ces deux secteurs vers la durabilité environnementale et sociale, en ligne avec les Objectifs de développement durable (ODD) de l’Agenda 2030 des Nations Unies, les Objectifs de la Stratégie méditerranéenne pour le développement durable 2016-2025 (SMDD) de la Convention de Barcelone, le Pacte vert pour l’Europe (Green Deal) et, plus récemment, l’approche de l’UE pour une économie bleue durable ainsi que la Stratégie de mobilité durable et intelligente de la Commission européenne.
Les activités du Plan Bleu : élaboration de lignes directrices pour la durabilité des croisières et de la navigation de plaisance en Méditerranée
Les recommandations du projet Interreg MED InnoBlueGrowth (2016-2019) dont le Plan Bleu était partenaire, ont mis en évidence l’absence de règles communes dans le secteur des croisières et de la navigation de plaisance dans la région méditerranéenne, ainsi que la nécessité d’adopter des pratiques écologiquement durables. Ainsi, dans le cadre de la 2nde phase du projet Interreg MED de la Communauté de la croissance bleue, le Plan Bleu s’est attelé à produire des lignes directrices pour la durabilité des croisières et de la navigation de plaisance dans la région méditerranéenne. Capitalisant sur les résultats produits par des projets modulaires spécifiques de trois communautés Interreg Med traitant de la croisière et de la plaisance (Communauté de la croissance bleue, Communauté MED du tourisme durable et Communauté méditerranéenne pour la protection de la biodiversité), les lignes directrices se sont appuyées sur la mise en place d’un processus participatif ainsi que sur le travail effectué dans le cadre du projet BlueBoatsMed.
Les lignes directrices doivent fournir aux décideurs et aux parties prenantes de la Méditerranée une feuille de route de durabilité fondée sur des données probantes pour exploiter les possibilités des deux secteurs tout en atténuant leurs effets négatifs sur les écosystèmes marins et côtiers, la biodiversité associée, le climat, la qualité de l’air et les communautés locales.
Les lignes directrices ont identifié cinq principaux défis pour le développement durable des secteurs des croisières et de la navigation de plaisance en Méditerranée :
- Éliminer les émissions atmosphériques de polluants et de gaz à effet de serre
- Sauvegarder les écosystèmes et la biodiversité
- Éliminer les sources de pollution de l’eau, prévenir la production de déchets et améliorer leur gestion
- Stimuler la connaissance et l’innovation
- Éviter les impacts sur les systèmes socio-économiques locaux
Processus et Étapes-Clés :
Un processus participatif a été adopté pour développer ces lignes directrices et un groupe de travail d’une centaine d’acteurs a été mis en place par le Plan Bleu, rassemblant représentants du secteur privé, autorités locales, nationales et régionales, ONGs, des chercheurs ainsi que des organisations internationales œuvrant dans le secteur. Deux communautés de projets Interreg Med, dont fait partie le Plan Bleu sont également partenaires de cette initiative : la communauté croissance bleue et la communauté méditerranéenne pour la protection de la biodiversité. Le processus d’élaboration de la feuille de route est co-financé par le Mediterranean Trust Fund, le Fonds européen de développement régional et l’Agence Française de Développement.
Les parties prenantes ont été consultées en trois phases :
- Avril 2021 : Une première enquête a permis d’élaborer une vision commune de la durabilité des secteurs des croisières et de la navigation de plaisance, et d’identifier des objectifs de durabilité. Il a également été demandé aux parties prenantes d’attribuer, à chaque objectif, un score de pertinence et de faisabilité pour chaque secteur.
- Mai 2021 : Une deuxième enquête a permis de recueillir les contributions des parties prenantes sur les bonnes pratiques en termes de durabilité dans chacun des secteurs de la croisière, des ports, de la navigation de plaisance et des marinas.
- Enfin, trois ateliers en ligne ont été organisés pour présenter l’ébauche des lignes directrices, débattre sur les résultats des enquêtes et recueillir les contributions des parties prenantes au document global:
– Le premier atelier du 23 novembre 2020 a été l’occasion pour les différents partenaires d’aborder les principales questions préfigurant l’élaboration des lignes directrices, notamment les définitions de la notion de durabilité dans les secteurs de la croisière et portuaire.
– Le 25 mai 2021, un atelier a été organisé spécialement dédié aux secteurs de la croisière et des ports afin d’aborder spécifiquement les défis liés à ces deux secteurs et d’identifier des bonnes pratiques.
– Le 9 juin 2021, le troisième atelier a été dédié aux secteurs de la navigation de plaisance et des marinas, toujours dans l’optique de s’accorder sur les enjeux et d’identifier les bonnes pratiques.
Le document final (versions anglaise et française) est disponible ici.