Pourquoi les Finances Durables sont essentielles pour la Méditerranée ?
La région méditerranéenne fait face à des défis environnementaux et socio-économiques majeurs, amplifiés par le changement climatique, la perte de biodiversité et la pression sur les ressources naturelles. Pour concilier développement économique et préservation des écosystèmes, il est impératif d’orienter les flux financiers vers des investissements durables. Les Finances Durables jouent un rôle clé en réorientant les capitaux vers des solutions bas-carbone, résilientes et inclusives, garantissant ainsi une transition écologique juste et efficace.
Se désengager des Subventions Nocives à l’Environnement
En Méditerranée, de nombreuses subventions encouragent encore des pratiques nocives pour l’environnement, aggravant l’exploitation des ressources, la pollution et la perte de biodiversité. À l’échelle mondiale, ces subventions sont 5 à 6 fois supérieures à celles bénéfiques pour l’environnement, comme souligné dans un rapport préliminaire du Plan Bleu (2023).
Réformer ces subventions est essentiel pour aligner l’économie méditerranéenne sur des trajectoires durables. La Stratégie Méditerranéenne pour le Développement Durable (SMDD) et les décisions du PNUE/PAM appellent à leur suppression progressive, notamment via le principe du pollueur-payeur et la réforme des subventions énergétiques.
Plan Bleu soutient cette transition à travers son Volume Édité sur les Subventions Nocives (ACTE I), qui analyse leurs impacts et propose des recommandations adaptées à la région. Mobilisant des experts méditerranéens, ce travail publié en 2024 éclaire les décideurs pour accélérer des réformes essentielles à la durabilité en Méditerranée.
Des Outils Financiers pour accélérer la transition
Après avoir mis en lumière les impacts des subventions nocives, un nouveau rapport explore le rôle des finances publiques vertes et des outils économiques dans l’accélération de la transition écologique en Méditerranée (ACTE II). Les outils financiers verts – fiscalité environnementale, obligations vertes, budgétisation verte – permettent d’orienter les ressources publiques vers des investissements durables. Parallèlement, des mécanismes tels que la tarification du carbone, les incitations aux énergies renouvelables et l’éco-certification encouragent des pratiques économiques alignées sur les objectifs climatiques.
À travers 13 contributions d’experts méditerranéens, ce rapport identifie des solutions adaptées aux spécificités régionales et propose des recommandations pour intégrer ces outils dans les politiques économiques et financières. Il sera publié fin 2025.
Révision la SMDD : Intégrer les Finances Durables comme Priorité
Grâce à une analyse empirique approfondie, nos travaux ont directement contribué à l’évolution des priorités de la Stratégie Méditerranéenne de Développement Durable (SMDD), en mettant en avant la nécessité d’intégrer les Finances Durables comme un levier stratégique incontournable. Dans cette perspective, en 2024 et 2025 Plan Bleu a organisé trois groupes de travail dédiés, réunissant des experts, des décideurs politiques et des acteurs économiques afin d’examiner les meilleures approches pour mobiliser des ressources financières au service de la transition écologique en Méditerranée. Ces échanges ont permis d’identifier des instruments financiers innovants, de renforcer le dialogue entre parties prenantes et de proposer des recommandations concrètes pour aligner les flux financiers sur les objectifs de durabilité.
Les conclusions issues de ces groupes de travail seront directement intégrées dans la révision de la SMDD, reflétant ainsi une approche plus ambitieuse en matière de financement durable. Cette nouvelle orientation, portée par des analyses solides et des échanges constructifs, sera formalisée dans le texte qui sera adopté d’ici fin 2025, marquant ainsi une avancée majeure pour l’agenda environnemental et économique de la région méditerranéenne. La SMDD 2026-2035 inclura la finance durable comme priorité, offrant une occasion importante d’institutionnaliser les principes de la finance verte, de renforcer la transparence et d’établir des mécanismes de responsabilité pour orienter les politiques nationales vers des objectifs régionaux communs. Elle visera à établir un cadre standardisé pour classer les flux financiers publics et privés soutenant l’adaptation aux risques environnementaux et la résilience.
Suite à cette impulsion, la thématique devient un axe prioritaire pour Plan Bleu, et d’autres rapports, mobilisant des experts de haut niveau, sont attendus dans le cadre des prochains Programmes de Travail UNEP/MAP.
Chiffres Clés
- à l’échelle mondiale, les subventions aux combustibles fossiles, à l’agriculture et à la pêche dépassent 7 000 milliards de dollars, soit environ 8 % du PIB mondial. Les subventions explicites représentent 1 250 milliards de dollars, tandis que les coûts implicites dépassent 6 000 milliards de dollars, affectant principalement les populations les plus vulnérables.
- les subventions néfastes sont 5 à 6 fois supérieures aux soutiens favorables à l’environnement.
- dans le secteur de la pêche, 60 % des subventions aggravent la surpêche et la dégradation marine.
- un accroissement de 1 % des subventions aux énergies fossiles pourrait entraîner une hausse de 0,04 % des émissions par habitant, tandis qu’une augmentation de 1 % du PIB induirait une hausse de 0,5 % des émissions par habitant.
- la sous-représentation des femmes dans le secteur de l’énergie reste marquée, avec seulement 15 % des emplois occupés par des femmes. Les subventions aux énergies traditionnelles, en plus de leurs impacts environnementaux, freinent leur participation et accentuent les inégalités.